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Soutenance de thèse de Ghita SERRHINI NAJI

Le 17 décembre, Ghita SERRHINI NAJI soutiendra sa thèse, intitulée Chroniques sociohydrologiques en eaux discrètes : récits, concernements et revitalisations du Vistre. Cette thèse est dirigée par Marc Vinches (HSM), en partenariat avec l'école doctorale GAIA. 

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Résumé de la thèse :
Le champ des restaurations écologiques des cours d’eau, encouragées par la Directive Cadre sur l’Eau, invite à interroger les dynamiques socio-environnementales et les trajectoires d'évolution, à l'échelle locale des territoires, en questionnant leur capacité de résilience. Cette thèse adopte une stratégie monographique et diachronique, en étudiant le cas du Vistre, cours d’eau du sud de la France, et de sa revitalisation, qui repose principalement sur des opérations de reméandrage. Elle prend pour point de départ le contraste entre l’ampleur des travaux engagés sur ce cours d’eau, et la faible attention qu’il suscite – objet de peu d’usages, invisibilisé par les axes routiers, encaissé dans son lit recalibré au cours de siècles d’aménagement – alors même que l’histoire du bassin est mobilisée par les acteurs opérationnels pour légitimer leur action dite de « revitalisation ». Sur le plan conceptuel et méthodologique, la thèse explicite les liens entre revitalisation, concernement et rapport à l’histoire, et propose la revitalisation comme point d’observation privilégié des trajectoires socio-écologiques. Sur le plan opérationnel, elle contribue à une redécouverte et une réappropriation par les acteurs locaux des raisons qui ont fondé, au fil du temps, les choix d'aménagement des générations antérieures, pour consolider le choix des scénarios d'adaptation ou de transformation à venir, en articulant mémoire, imaginaires et horizons d’attente. La recherche interroge dans quelle mesure différentes formes de mobilisation de la référence au passé du Vistre autour des projets de revitalisation peuvent permettre l’émergence de nouveaux concernements. La démarche articule : (i) une étude rétrospective basée sur un corpus d’archives et de sources historiques secondaires, mettant en évidence, sur le temps long, un processus de découplage socio-écologique (disparition progressive des usages, avènement d’un rapport d’expertise au cours d’eau), une rhétorique récurrente présentant les aménagements comme « naturels » pour justifier leur nécessité, ainsi qu’une succession de régimes de gestion déterminée par des rapports à la nature et à la technique ambivalents ; (ii) une enquête par entretiens et par questionnaire, permettant d’identifier différentes modalités de concernement au Vistre et de montrer que la revitalisation, bien qu’elle reconfigure matériellement et symboliquement les rapports au lieu, ne produit pas mécaniquement un recouplage eau-société ; (iii) des ateliers d’écriture avec les riverains, afin de poursuivre l’exploration des potentialités de la mise en récit pour révéler et éventuellement faire advenir de nouveaux concernements : bien que situés et porteurs de sens, ces récits laissent toutefois affleurer des visions idéalisées, manichéennes et relativement dépolitisées des rapports à la nature.